Les beaux jours sont de retour et les chenilles processionnaires aussi… Petit éclairage sur les dangers que représente ce nuisible pour nos animaux de compagnie et les réflexes à avoir en cas de mauvaise rencontre!
QUEL EST LE CYCLE DE CET INSECTE ?
Les adultes sont des papillons de nuit qui vivent en été et dont les femelles vont pondre leurs œufs sur les aiguilles de pin. Lorsque les œufs éclosent, de petites larves apparaissent et commencent à consommer voracement les aiguilles, affaiblissant ainsi les arbres atteints et les rendant plus vulnérables face aux maladies telles que champignons et insectes xylophages.
Lorsque vient l’hiver, les colonies de larves se rassemblent au chaud dans les fameux cocons blancs et soyeux visibles sur les branches des pins.
Au printemps, les larves ont mué en chenilles et descendent de l’arbre les unes derrière les autres : c’est la procession !
Les chenilles processionnaires vont alors s’enfouir dans le sol d’où sortira un papillon quelques mois plus tard… et le cycle recommence.
ATTENTION AUX POILS URTICANTS !
C’est au moment de la procession que la chenille est dangereuse. Elle est recouverte de poils microscopiques très volatiles, qui s’accrochent facilement à la peau et aux vêtements grâce à leur forme en harpon. Les poils libèrent alors une substance urticante, la thaumatopéine, qui déclenche des réactions allergiques chez l’homme et l’animal.
Les symptômes peuvent être cutanés, oculaires, buccaux, digestifs ou respiratoires selon la zone atteinte, avec une intensité variable selon la quantité de poils en contact avec ces zones.
Les animaux ayant tendance à explorer avec leur gueule, c’est la langue qui est atteinte dans la majorité des cas. On observe en premier lieu une salivation importante, et des manifestations de douleur (gémissements, perte d’appétit) du fait de l’inflammation : c’est la glossostomatite. Selon la gravité, une partie plus ou moins importante de la langue peut gonfler, devenir grisâtre, puis violacée, puis finir par nécroser en une dizaine de jours.
Lorsque les poils ont été avalés, c’est toute la muqueuse de l’œsophage et de l’estomac qui est atteinte, provoquant alors des vomissements, voire des diarrhées.
QUE FAIRE SI MON CHIEN OU MON CHAT A TOUCHÉ DES CHENILLES ?
Tout d’abord, protégez-vous ! Mettez des gants, des manches longues, voire des lunettes pour éviter de vous contaminer vous-même. N’essayez pas de balayer les chenilles, cela répandrait les poils dans l’air environnant. Ne touchez pas non plus les cocons qui peuvent aussi être urticants.
Rincez le corps et si possible l’intérieur de la gueule de votre animal SANS FROTTER car cela casserait les poils urticants et aggraverait les symptômes. Empêchez-le de se frotter pour les mêmes raisons et gardez-le à jeûn en vue d’une éventuelle tranquillisation par le vétérinaire.
Contactez votre vétérinaire qui évaluera la gravité de la situation et donnera un traitement adapté : Décontamination soigneuse, corticothérapie pour lutter contre l’inflammation, antibiothérapie à diffusion buccale, voire collyres oculaires et pansements gastro-intestinaux au besoin. Dans les cas où la glossostomatite ne permet pas à l’animal de se nourrir tout seul le lendemain de l’accident, il devra être perfusé et réalimenté par sondage.
Au bout de 10 jours, le processus de nécrose est terminé. Certains animaux n’ont alors aucune séquelle, d’autres peuvent avoir perdu un bout de langue sans conséquence sur leur prise alimentaire, tandis que dans les cas extrêmes, la perte totale de la langue les condamne faute de ne plus pouvoir s’alimenter…
COMMENT LUTTER CONTRE CES CHENILLES ?
Il existe différents traitements efficaces contre la propagation de ces nuisibles. Selon la saison, on peut procéder soit à une coupe des nids, un piégeage (piège à phéromone, collier Ecopiège à placer autour du tronc), ou un traitement phytosanitaire biologique. A renouveler chaque année…
Il revient à chaque particulier, municipalité et gestionnaire de parcs et forêts de mettre en œuvre les moyens nécessaires à l’éradication de ce fléau.
Vous pouvez vous renseigner auprès d’entreprises spécialisées dans la lutte contre les chenilles en cliquant sur le lien suivant :
LE SAVIEZ-VOUS ?
La mésange, le coucou et la huppe fasciée sont des prédateurs des chenilles ! Placer un nichoir à proximité de vos pins peut permettre de réduire la quantité de chenilles et de faire le festin de ces jolis oiseaux !
Docteur Fanny CHAPELIN
Vétérinaire à domicile et fondatrice de VETERIDOM